mardi 29 octobre 2019

28 octobre - 2ème jour de la mission




Lundi 28/10


La mer est toujours aussi calme et le temps légèrement nuageux. 

Nous avons découvert grâce aux premiers clichés de Laurent Ballesta et aux caméras immergées du reste de l’équipe que la partie sommitale du Mont La Pérouse correspond à un vaste plateau formé de sable, de débris calcaires de toutes tailles.

Sur cette surface détritique, on peut voir des grandes algues vertes, des Codium. Leur taille est grande pour ce type d’algue avec près de 30 cm. La présence d’algues vertes à 60m de profondeur indique que les conditions de luminosité sont suffisantes. C’est habituellement le domaine des algues rouges et brunes.
J-P. Quod – Différentes algues vertes sur du sable blanc avec un éponge au fond à droite et un baliste bleu à gauche
57m – Mont La Pérouse 2019


L. Ballesta – 60 m Mont La Pérouse avec Padine (algue brune), bouquet de Halimeda et nombreuses algues 


(pour les lycéens)
 La capacité à capter l’énergie solaire dépend des pigments photosynthétiques présents. Ainsi chez les algues vertes, la présence de chlorophylle a s’accompagne de chlorophylle b et de pigments accessoires que sont les carotènes et les xanthophylles. Ces pigments permettent d’absorber dans le rouge et dans le bleu proche. Le rouge est la première couleur à disparaître avec la profondeur. Aussi, ne sont-elles pas les mieux équipées pour croître en profondeur contrairement aux algues rouges ou brunes.
Jean-Pascal Quod, spécialiste des algues, confirme que ce grand codium a déjà été collecté en 2005 sur Le Mont La Pérouse mais n’est toujours pas identifié, c’est-à-dire que l’on ne sait pas dire à quelle espèce il appartient. Néanmoins, c’est la première fois qu’il est photographié dans son milieu, à 60 mètres de profondeur.
Laurent Ballesta – Grand codium – algue verte sur un fond à rhodolithes

Le fond est très souvent tapissé de gros cailloux plus ou moins ronds et recouverts d’algues calcaires : les rhodolithes. Ces concrétions calcaires très dures sont le résultat de l’activité de ces mêmes algues. Au cours du temps, elles grandissent par accumulation de couches qui s’empilent les unes au-dessus des autres. Ces rhodolithes s’épaississent de l’ordre d’1 cm par an. Le centre peut être un petit caillou minuscule sur lequel l’algue s’est fixée. Elles sont communes sur les fonds de cette profondeur.

Rhodolithe coupé avec la partie externe visible à droite et la partie interne à gauche où l’on peut voir les stries de croissance.Diamètre 20 cm environ
Elles apparaissent comme des oasis de vie sur le fond regroupant un grand nombre d’espèces fixées. Ici on peut voir des petites plumes : ce sont des hydraires de la même famille que les coraux durs (Scléractiniaires) mais leur cycle de vie est différent car nombre d’hydraires ont une phase méduse.

















Algue rouge à gauche,  un petit rond correspodant à un foraminifère, deux branches d’Halimeda (algue verte à articles et squelette calcaire) avec des petites plumes d’hydraires derrière(détail à droite), une éponge rouge vif partiellement recouverte d’une algue rouge calcaire, puis une grande algue brune et en bas à droite une espèce de coraux durs de la famille des Faviidae. Rhodolithe de 15 cm de diamètre.


Une autre algue rouge est étonnante par son aspect gélatineux et sa couleur rose fluo !
Photo L. Ballesta

Pour mesurer la turbidité de l’eau ou encore sa transparence, on utilise un disque de secchi : c’est un disque de 20 cm de diamètre présentant des secteurs noirs et blancs. On immerge le disque et on le fait descendre doucement à l’aide d’une fine corde étalonnée.



Ici le disque est devenu invisible vers 26m. Mais il faut remarquer qu’au-delà, c’est le disque qui est trop loin pour être vu… C’est toute la limite de la méthode…
 














Nous profitons du beau temps pour travailler : nous avons trié les échantillons en fonction de leur classification. C’est important de savoir à quel groupe ils appartiennent, car pour déterminer leur nom d’espèce, il faut le plus souvent demander aux spécialistes correspondants.
Plus ‘explication dans mon prochain post car pour le moment nous regardons les photos rapportées par l’équipe de plongeurs et les surprises sont de taille…


A suivre

PS : Savez-vous ce que Thierry tient dans sa main ?

a)      Un rostre d’un jeune espadon b) une dent de poisson des profondeurs 
c) le dard d’une raie pastenague d) une incisive de requin géant






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