vendredi 17 janvier 2020

Les poissons observés pendant l'expédition

 

Bilan établi par Patrick Durville



Un total de 145 espèces a pu être comptabilisé. Certaines (9 %), sont uniquement décrites sous leur nom de Genre, car les photographies n’ont pas permis de les identifier à l’espèce.
-       99 d’entre-elles, soit 68 %, sont habituellement décrites comme des espèces typiquement coralliennes que l’on retrouve sur les récifs à faible profondeur, exemple le poisson papillon Chaetodon lunula ou le zancle Zanclus cornutus. On montre donc ici qu’elles fréquentent aussi les milieux plus profonds et de nombreux records de profondeurs peuvent alors être signalés, comme pour Chromis dimidiata qui est donnée pour 0 à 36 m de fond ou Acanthurus nigrofuscus qui ne dépasserait pas les 25 m. Elles vivent ici à plus de 60 m de profondeur ; à moins qu’il ne s’agisse de nouvelles espèces…

-       29 d’entre-elles, soit 20 %, sont des espèces typiquement profondes (>50m) qui ne sont pas présentes sur les récifs de faible profondeur, exemple le poisson papillon Chaetodon dolosus ou le labre Bodianus opercularis.


-      Les autres sont des espèces pélagiques (5 %) ou indéterminées.

-       36 Familles ont été observées. Les mieux représentées sont les Serranidae (mérous) avec 20 espèces répertoriées, dont 6 du Genre Pseudanthias, viennent ensuite les Labridae (girelles) (15 espèces), les Acanthuridae (chirurgiens) (15 espèces) et les Chaetodontidae (papillons) (11 espèces). Ces résultats sont différents de ceux obtenus généralement sur les récifs coralliens de l’océan Indien où les Labridae (girelles) et les Pomacentridae (demoiselles) arrivent toujours en tête devant les Serranidae (mérous). La structure des peuplements observée sur le mont est donc très spécifique avec une nette dominance des Serranidae.



-      On note la présence de 7 espèces de Chondrichtyens élasmobranches dont 4 requins et 3 raies, comme le requin tigre ou le requin marteau halicorne qui sont considérés comme menacés (IUCN), mais également de quelques petites espèces rares comme Pseudocheilinus dispilus, décrit seulement en 1999 à Maurice et à La Réunion (Randall, 1999), ou Neoniphon aurolineatus qui n’est pratiquement plus observé à La Réunion.

-      8 espèces n’ont jamais été inventoriées à La Réunion. Il s’agit de : Halichoeres trispilus, Luzonichthys waitei, Hoplolatilus fronticinctus, Naso minor, Paracaesio sordidus, Plectranthias winniensis, Pseudanthias parvirostris et Pseudanthias randalli. Elles viennent donc compléter l’inventaire des poissons de l’île qui est pourtant déjà riche de plus d’un millier d’espèces.

-      52 espèces sont des espèces d’intérêt commercial, soit plus d’un tiers des espèces totales. On observe sur le mont La Pérouse de gros spécimens, en grand nombre, notamment chez les Carangidae comme Caranx ignobilis, Caranx melampygus ou Caranx lugubris, mais aussi chez les Scombridae comme Acanthocybium solandri, Thunnus albacares ou Gymnosarda unicolor.
               

             


-      Certaines espèces posent des problèmes de détermination et sont vraisemblablement de nouvelles espèces pour la science. C’est le cas d’un petit labre du genre Cirrhilabrus à la robe entièrement blanche qui n’apparait dans aucune nomenclature et de deux poissons licornes notés Naso cf. lopezi et Naso cf. maculatus qui n’existeraient, pour l’instant, que dans le Pacifique.

                        
-      L’analyse des régimes alimentaires montre une dominance des mangeurs d’invertébrés avec 34 % des espèces observées, viennent ensuite les planctonophages et les piscivores avec 26 % et 25 % des espèces. Soit un total de 85 % d’espèces carnivores au sens large, ce qui est très différent des chiffres obtenus sur les récifs de l’océan Indien où cette proportion se situe généralement entre 51 % et 76 %. La structure trophique du peuplement ichtyologique est donc spécifique sur ce mont sous-marin avec un nombre très important d’espèces de grands carnivores, mais aussi beaucoup d’espèces planctonophages. En revanche, les herbivores ne sont représentés que par 8 % du nombre total d’espèces contre 10 % à 25 % sur les récifs, malgré un développement algal important observé sur le sommet du banc.




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