Bilan établi par Patrick Durville
Un
total de 145 espèces a pu être
comptabilisé. Certaines (9 %), sont uniquement décrites sous leur nom de Genre,
car les photographies n’ont pas permis de les identifier à l’espèce.
-
99 d’entre-elles, soit 68 %,
sont habituellement décrites comme des espèces typiquement coralliennes que
l’on retrouve sur les récifs à faible profondeur, exemple le poisson papillon Chaetodon
lunula ou le zancle Zanclus
cornutus. On montre donc ici qu’elles fréquentent
aussi les milieux plus profonds et de nombreux records de profondeurs peuvent alors
être signalés, comme pour Chromis
dimidiata qui est donnée pour 0 à 36 m de fond ou Acanthurus nigrofuscus qui ne dépasserait pas les 25 m. Elles
vivent ici à plus de 60 m de profondeur ; à moins qu’il ne s’agisse de
nouvelles espèces…
-
29 d’entre-elles, soit 20 %,
sont des espèces typiquement profondes (>50m) qui ne sont pas présentes sur
les récifs de faible profondeur, exemple le poisson papillon Chaetodon
dolosus ou le labre Bodianus
opercularis.
-
Les autres sont des espèces pélagiques
(5 %) ou indéterminées.
-
36 Familles
ont été observées. Les mieux représentées
sont les Serranidae (mérous) avec 20 espèces répertoriées,
dont 6 du Genre Pseudanthias, viennent ensuite les Labridae (girelles) (15 espèces), les
Acanthuridae (chirurgiens) (15 espèces) et les Chaetodontidae (papillons) (11
espèces). Ces résultats sont différents de ceux obtenus généralement sur les
récifs coralliens de l’océan Indien où les Labridae (girelles) et les
Pomacentridae (demoiselles) arrivent toujours en tête devant les Serranidae
(mérous). La structure des peuplements observée sur le mont est donc très
spécifique avec une nette dominance des Serranidae.
-
On note la
présence de 7 espèces de Chondrichtyens élasmobranches dont 4 requins et 3
raies, comme le requin tigre ou le requin marteau halicorne qui sont considérés
comme menacés (IUCN), mais également de quelques petites espèces rares comme Pseudocheilinus dispilus, décrit seulement
en 1999 à Maurice et à La Réunion (Randall, 1999), ou Neoniphon aurolineatus qui n’est pratiquement plus observé à La
Réunion.
-
8 espèces n’ont jamais été inventoriées à La Réunion. Il
s’agit de : Halichoeres trispilus,
Luzonichthys waitei, Hoplolatilus fronticinctus, Naso minor, Paracaesio sordidus, Plectranthias
winniensis, Pseudanthias parvirostris
et Pseudanthias randalli. Elles
viennent donc compléter l’inventaire des poissons de l’île qui est pourtant déjà
riche de plus d’un millier d’espèces.
-
52 espèces sont des espèces d’intérêt commercial, soit plus
d’un tiers des espèces totales. On observe sur le mont La Pérouse de gros
spécimens, en grand nombre, notamment chez les Carangidae comme Caranx ignobilis, Caranx melampygus ou Caranx
lugubris, mais aussi chez les Scombridae comme Acanthocybium solandri, Thunnus
albacares ou Gymnosarda unicolor.
-
Certaines espèces posent des
problèmes de détermination et sont vraisemblablement de nouvelles espèces pour
la science. C’est le cas d’un petit labre du genre Cirrhilabrus
à la robe entièrement blanche qui n’apparait dans aucune nomenclature et de
deux poissons licornes notés
Naso cf. lopezi et Naso
cf. maculatus qui n’existeraient, pour l’instant, que
dans le Pacifique.
-
L’analyse des régimes alimentaires
montre une dominance des mangeurs d’invertébrés avec 34 % des espèces
observées, viennent ensuite les planctonophages et les piscivores avec 26 % et
25 % des espèces. Soit un total de 85 % d’espèces carnivores au sens large, ce
qui est très différent des chiffres obtenus sur les récifs de l’océan Indien où
cette proportion se situe généralement entre 51 % et 76 %. La structure
trophique du peuplement ichtyologique est donc spécifique sur ce mont
sous-marin avec un nombre très important d’espèces de grands carnivores, mais
aussi beaucoup d’espèces planctonophages. En revanche, les herbivores ne sont
représentés que par 8 % du nombre total d’espèces contre 10 % à 25 % sur les
récifs, malgré un développement algal important observé sur le sommet du banc.