mardi 5 novembre 2019

La ciguatéra


Un des axes de recherche lors de l'expédition : le risque ciguatera


Il y a quelques jours, nous avons parlé de poissons commerciaux porteurs de la ciguatéra…

La ciguatéra est une intoxication due à des toxines produites par des organismes unicellulaires photosynthétiques, des dinoflagellés. Ce sont des microalgues qui prolifèrent en épiphytes sur des algues ou sur le substrat libre, sur des débris coralliens. 

Les organismes brouteurs consomment les algues et leurs dinoflagellés associés. Puis des poissons carnivores mangent à leur tour les brouteurs avant de servir eux-mêmes de nourriture aux grands prédateurs. C’est ainsi que la toxine s’accumule le long de la chaîne alimentaire. 

Une espèce de microalgue dinoflagellé de 60 µm de diamètre environ

Pour les lycéens, 

Le rendement d’un niveau trophique à l’autre est de 10% en moyenne. Ce qui signifie, à titre d’exemple, que pour fabriquer des brouteurs, il faut 10 fois plus d’algues que de brouteurs. Si bien que les brouteurs contiendront 10 fois plus de toxines que les algues.
Ce phénomène d’accumulation le long de la chaîne alimentaire est appelé bioamplification. Celle-ci peut conduire à des niveaux de toxines 10 000 à 100 000 fois plus importante dans la chair des grands prédateurs que dans les microalgues toxiques de départ.

La consommation par l’homme de poisson ciguatérique conduit à des symptômes comme la « gratte » pour des cas légers : c’est-à-dire des démangeaisons ou une inversion du chaud et du froid qui surviennent au niveau de la peau par exemple sous la douche. Les symptômes assez variés (plus de 150) sont dus à l’atteinte du système nerveux par les toxines appelées neurotoxines. Des intoxications aigues graves peuvent entraîner le coma voire le décès mais dans moins de 0,1% des cas. On estime à 500 000 cas par an, environ le nombre de cas d’intoxication ciguatérique de par le monde. Les mérous « à  grand’ queue » (Variola louti), les barracudas et certaines carangues de récif  sont très souvent porteurs de la toxine.

Les chercheurs étudient la répartition des espèces de microalgues pouvant être toxiques et à l’origine de la ciguatéra dans les zones de pêche afin de contribuer à prévenir les accidents liés à la consommation de poissons d’origine corallienne. Le réchauffement climatique pourrait conduire à une modification de leur répartition dans l’Océan Indien. Ainsi, des cas sont signalés plus au nord, en Inde.


Recherche des algues ciguatériques ou comment pêcher des dinoflagellés

A bord de la Curieuse, les plongeurs rapportent aux chercheurs des échantillons du substrat (cailloux, sable, algues) avec un peu d’eau de mer. Le caillou, l’algue, le sable, est placé dans un bidon avec de l’eau de mer puis est énergiquement secoué pendant 10 minutes afin de décoller tous les dinoflagellés présents sur le substrat. 
Puis l’eau est filtrée sur des tamis successif : le premier a une maille de 120 ou 200 µm qui laisse passer les micro-algues tout en retenant débris et autres organismes. Le second, de maille 20µm, retient les dinoflagellés recherchés. 
Ils sont ensuite récupérés par nettoyage du filtre avec l’eau de mer filtrée ; puis placés dans un tube soit avec du lugol pour les fixer soit dans des boîtes de culture. 

Elles seront étudiées par plusieurs laboratoires lors du retour à La Réunion. Cela permettra de mieux connaître les microalgues présentes sur le Mont La Pérouse et s’il y a des microalgues ciguatériques connues.




Deux microalgues: Gambierdiscus sp. (50-120 µm responsable de la ciguatéra) et Ostreopsis mascarenensis (150-180µm) particulièrement ciblée lors de cette mission (J-P Quod)









Un prélèvement de sable pour rechercher des microalgues























Agitation des échantillons avec de l’eau de mer pour décoller les microalgues


















Filtration et récupération de l’échantillon














Fixation à l’eau iodée


















Mise en culture

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