Un des axes de recherche lors de l'expédition : le risque ciguatera
Il y a quelques jours, nous avons
parlé de poissons commerciaux porteurs de la ciguatéra…
La ciguatéra est une intoxication
due à des toxines produites par des organismes unicellulaires
photosynthétiques, des dinoflagellés. Ce sont des microalgues qui prolifèrent
en épiphytes sur des algues ou sur le substrat libre, sur des débris
coralliens.
Les organismes brouteurs
consomment les algues et leurs dinoflagellés associés. Puis des poissons
carnivores mangent à leur tour les brouteurs avant de servir eux-mêmes de
nourriture aux grands prédateurs. C’est ainsi que la toxine s’accumule le long
de la chaîne alimentaire.
Une espèce de microalgue
dinoflagellé de 60 µm de diamètre environ
Pour les lycéens,
Le rendement d’un niveau trophique à l’autre est de 10%
en moyenne. Ce qui signifie, à titre d’exemple, que pour fabriquer des
brouteurs, il faut 10 fois plus d’algues que de brouteurs. Si bien que les
brouteurs contiendront 10 fois plus de toxines que les algues.
Ce phénomène d’accumulation le long de la chaîne
alimentaire est appelé bioamplification. Celle-ci peut conduire à des niveaux
de toxines 10 000 à 100 000 fois plus importante dans la chair des
grands prédateurs que dans les microalgues toxiques de départ.
La consommation par l’homme de
poisson ciguatérique conduit à des symptômes comme la « gratte » pour
des cas légers : c’est-à-dire des démangeaisons ou une inversion du chaud
et du froid qui surviennent au niveau de la peau par exemple sous la douche.
Les symptômes assez variés (plus de 150) sont dus à l’atteinte du système
nerveux par les toxines appelées neurotoxines. Des intoxications aigues graves
peuvent entraîner le coma voire le décès mais dans moins de 0,1% des cas. On estime
à 500 000 cas par an, environ le nombre de cas d’intoxication ciguatérique
de par le monde. Les mérous « à grand’ queue » (Variola louti),
les barracudas et certaines carangues de récif sont très souvent porteurs de la toxine.
Les chercheurs étudient la
répartition des espèces de microalgues pouvant être toxiques et à l’origine de
la ciguatéra dans les zones de pêche afin de contribuer à prévenir les
accidents liés à la consommation de poissons d’origine corallienne. Le
réchauffement climatique pourrait conduire à une modification de leur
répartition dans l’Océan Indien. Ainsi, des cas sont signalés plus au nord, en
Inde.
Recherche des algues
ciguatériques ou comment pêcher des dinoflagellés
A bord de la Curieuse, les
plongeurs rapportent aux chercheurs des échantillons du substrat (cailloux,
sable, algues) avec un peu d’eau de mer. Le caillou, l’algue, le sable, est
placé dans un bidon avec de l’eau de mer puis est énergiquement secoué pendant
10 minutes afin de décoller tous les dinoflagellés présents sur le substrat.
Puis
l’eau est filtrée sur des tamis successif : le premier a une maille de 120
ou 200 µm qui laisse passer les micro-algues tout en retenant débris et autres
organismes. Le second, de maille 20µm, retient les dinoflagellés recherchés.
Ils
sont ensuite récupérés par nettoyage du filtre avec l’eau de mer filtrée ;
puis placés dans un tube soit avec du lugol pour les fixer soit dans des boîtes
de culture.
Elles seront étudiées par plusieurs laboratoires lors du retour à
La Réunion. Cela permettra de mieux connaître les microalgues présentes sur le
Mont La Pérouse et s’il y a des microalgues ciguatériques connues.
Deux microalgues: Gambierdiscus sp. (50-120 µm responsable
de la ciguatéra) et Ostreopsis mascarenensis (150-180µm) particulièrement
ciblée lors de cette mission (J-P Quod)
Un prélèvement de
sable pour rechercher des microalgues
Agitation des
échantillons avec de l’eau de mer pour décoller les microalgues
Filtration et
récupération de l’échantillon
Fixation à l’eau
iodée
Mise en culture
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